Dans le but de faire connaître et reconnaître le vécu

quotidien des familles accueillant des enfants "dé" placés,

nous souhaitons écrire un livre de témoignages.

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Pour exemple, nous vous livrons

un de nos premiers témoignages.



A QUI LA FAUTE ?

Laura n'a pas choisi de naître. Une partie de sa vie, les adultes ont choisi pour elle.
Sa maman ne pouvant l'assumer, elle est placée à l'âge de 3 semaines dans une famille
dans une famille d'accueil, "un bébé attachant", et toute cette famille s'y est attachée trop ou mal.
A qui la faute?
Aux services qui n'ont su empêcher cet amour excessif?
A La famille d'accueil qui n'a pas su faire la part entre l'affectif et le professionnel?
Laura, ils l'ont aimé pendant quatre ans et elle leur rendait bien, une vie de rêve,
oubliés les parents naturels, tant et si bien qu'une adoption est envisagée et puis tout bascule!
Les parents de Laura ont des droits et ils les revendiquent, c'est la fin du rêve...
Blocage total entre le service et la famille, rupture, refus de dialogue, manque de travail d'équipe ?
A qui la faute?
Laura ne comprend pas ce qui lui arrive, elle est arrachée, emmenée, sans vêtements ni jouets,
elle perd tous ses repères. La voila débarquée dans une autre famille d'accueil qui ne réalise pas
plus ce qui lui arrive. Laura venait seulement pour un week end, elle est restée 11 ans.
La découverte d'un univers inconnu, d'une nouvelle famille, de ses parents puis l'école et tout ça
en trois jours, et ce manque atroce... Mais qui le comprend? "C'est pour son bien" !
Possible que la première famille ait mal joué son rôle ?
Mais qui a le droit de juger, qui les a aidé à éviter ce gâchis?
A qui la faute?
Laura ne pourra poser ses affaires, trop cassée la petite!
Plus confiance en l'adulte, en personne même pas en elle.
Que de choses horribles elle a du faire pour mériter une si grande punition!
Laura grandit dans son corps, mais tout ne suit pas, trop encombrée de questions sans réponses.
Echecs scolaires, affectifs, elle ferme la porte de son monde, personne n'y a accès.
Cinq éducateurs se succèdent pendant 11ans, chacun avec sa façon de travailler, sa sensibilité,
pour essayer de colmater les brèches, de la reconstruire.
Et elle dans tout ça, que pense t'elle de ce qu’elle vit, elle! nul ne sait!
A qui la faute?
Et puis la fin du voyage, le retour chez ses parents, même ça, ce fut dans l'urgence
le juge a envoyé un fax, juste un fax, pour dire dans 5 jours, elle retourne chez ses parents.
Comme a l'arrivée, pas le temps de se préparer, de dire au revoir aux amis, aux proches,
tout vite fait et mal fait.
La famille d'accueil a tenu, tant bien que mal, avec ses doutes, ses peurs de mal faire, sa solitude
face a tant de problèmes inconnus. On ose même pas se plaindre, en parler, c'est avouer l'échec,
ça peut nuire à notre image de famille bien sous tout rapports.
Mais ce sentiment d'échec est tenace si on repart avec une histoire différente, la il est facile
de voir que tout n'est pas si noir, comme aide, il y a le groupe de parole, les collègues qui ne jugent pas,
qui écoutent, réconfortent se racontent elles aussi les difficultés qui font partie du quotidien ;
mais les réussites aussi, il faut juste les voir les apprécier.
Alors a qui la faute?
Certains diront à pas de chance.... demandez à Laura ce qu'elle pense de pas de chance!!!



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